Ce ne fut qu’après une nouvelle série de rapides dont un classé 3 joueur et sportif, que les équipages virent apparaitre au détour d’un méandre, la pointe du chalet convoité, situé tout près des eaux de la rivière Rupert, le cours d’eau principal du bassin versant. Il s’agissait en fait d’une grande cabane de pêcheur d’aspect assez récente et bien entretenue. Comme toutes les cabanes perdues dans ces contrées isolées, celle-ci n’était pas fermée, accessible aux voyageurs égarés en cas de besoin. Sans aucun accès, ses propriétaires venaient ici sans doute en hydravion, le moyen de transport local le plus pratique, la voie nautique étant compliquée avec des bateaux à moteur compte tenu de l’éloignement de la plus proche piste d’accès et des rapides qui constituaient autant d’obstacles difficiles à franchir.
Juste derrière la pointe où avait été installé ce chalet, une grande plage orientée ouest semblait convenir à l’équipe. Il n’était pas question en effet de dormir dans ce chalet bien plus aménagé que les cabanes que nous avions vu jusqu’alors. Leur accès est permis mais pas pour en faire un gîte gratuit. Nous décidions donc d’établir notre campement sur cette plage, à une centaine de mètres à peine du chalet.
Le soleil avait fait son retour sous un vent désormais bien marqué et tournoyant. Nous profitions de cette aubaine climatique pour vite tendre une corde entre deux arbres, faire sécher toutes nos affaires trempées et monter nos tentes elles aussi très humides.
En raison du vent fort qui balayait la plage par le travers sans jamais faiblir, la bâche ne fut pas montée par crainte que des bourrasques aient raison des œillets. Cet abri était trop précieux pour que nous puissions nous permettre de le perdre.
Cela ne fut pas toutefois de nature à démotiver l’enthousiasme hors du commun de notre Denis qui, telle une pile survitaminée, s’emparait à peine débarqué de la scie et de la machette pour préparer les trois mâts du trépied et ébrancher les barres transversales en quelques minutes à peine, de quoi, à défaut d’abri, préparer le foyer, allumer le feu et nous offrir une réconfortante eau chaude.
Pendant ce temps, à un rythme plus tranquille, le reste de l’équipe s’affairait à d’autres taches moins énergétiques ou s’offrait un brin de toilette bienvenue dans une eau bien fraîche.
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