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vous êtes ici : INDEX / Voyages / Québec 2023 / J10 |
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Météo : ciel mitigé sans pluie. Vent fort, accalmie matinale, puis forcissant par l’ouest / NW |
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Dans le calme matinal, juste perturbé par un petit souffle de sud-ouest encore modéré à cette heure, je partais en solo en canoë faire le tour de la baie qui s’ouvrait devant nous, marquant de fréquentes pauses pour savourer l’ambiance si particulière de ces lieux. Les chants et cris des oiseaux, le vent dans le haut des épinettes, venaient à peine trouver ce calme. Au droit des plages les plus abritées, le reflet des rives sur l’eau était tel un miroir parfait, seule l’onde sous l’étrave de mon canoë troublait cette quiétude, presque perturbante. Silencieusement, je glissais de pointe en pointe, explorant toutes les anfractuosités de ce magnifique cul-de-sac de sable et de roche. Au détour d’une pointe, une étonnante formation rocheuse isolée en forme de grosse molaire surmontée d’un amas de branchage sans doute apporté là lors des hautes eaux du printemps. Je poursuivais, lentement, le plus silencieusement possible quand soudain, dans le cap de mon étrave, sur la rive droite, apparurent deux silhouettes noires avançant dans ma direction d’un pas assez rapide. Je rencontrais mes deux premiers ours, une mère et son ourson qui la suivait docilement. La surprise fut magique, je restais là complètement immobile, n’avançant plus que sur mon aire avec l’espoir que ces deux plantigrades ne me repèrent pas afin de pouvoir les observer le plus longtemps possible. Silencieusement, je dégainais mon appareil photo, tentant d’immortaliser l’instant malgré l’obscurité encore tenace. Je me tenais là immobile sur l’eau à moins de 50 mètres de deux ours noirs, mesurant l’exceptionnelle cadeau que m’offrait cette nature sauvage. Dérivant lentement vers la rive, je me rapprochais inexorablement au point bientôt, d’être finalement repéré. A 30 mètres à peine à présent de moi, la mère me fixait avec un air mêlé de surprise mais aussi de curiosité. Cet échange de regard ne dura que quelques secondes mais ce furent des instants extrêmement intenses, loin de toutes velléité d’agression. Par prudence et pour ne pas empiéter sur leur espace vital, je donnais quelques légers coups de pagaie pour maintenir ma distance. Ces quelques mouvements firent fuir l’ourson bientôt suivi par sa mère qui disparaissait à vive allure dans la végétation pourtant dense. Je les saluais, sans réponse, les remerciant de ce moment précieux d’authentique communion avec cette nature sauvage. |
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vidéo Natastan au petit matin - cliquer pour visionner | vidéo rencontre avec les ours noirs - cliquer pour visionner |
De retour au campement, le feu brûlait à grandes flammes, tout le monde déjeunait devant le foyer autour du canoë sous la bâche désormais montée. L’assemblée me questionna naïvement sur mes rencontres matinales ne soupçonnant pas la rencontre que je venais de faire. Je leur montrais alors quelques photos sur l’écran de mon appareil photo, à la surprise de tous, provoquant presque un sentiment de regret de ne pas être venu pour vivre cette expérience unique. Mais soudain, au loin, sur la plage à quelques centaines de mètres en face du campement, la silhouette noire des deux plantigrades apparurent distinctement sur le sable blanc, réjouissant toute l’équipe. Un moment très sympathique non dénué d’une certaine émotion collective. Après quoi, les heures s’égrenèrent paisiblement au bord de l’eau tandis que peu à peu, le ciel d’abord lumineux, commençait à se charger d’un voile de nuages diffus accompagnés d’un vent forcissant de manière de plus en plus sensible. Une seconde petite virée sur l’eau me fit mesurer que le clapot avait très nettement forci. |
A l’heure du thé, la bâche commençait à être sérieusement malmenée par les rafales de vent de plus en plus vigoureuses. L’inquiétude montait crescendo quand soudainement, une bourrasque plus forte que les autres tira si fort sur les cordes qu’elle arrachait les piquets fixés au sol alors que nous étions en pleine préparation de beignets aux myrtilles. Il s’en fallut de peu avant que nos délicieuses préparations ne finissent projetés dans le sable. Le comble ! Pour éviter la catastrophe, la bâche fut aussitôt démontée à la hâte et de manière collective, nous décidions de nous offrir un petit moment de répit en allant nous réfugier à l’abri à l’intérieur du chalet tout proche. Propre et bien isolé, il faisait particulièrement bon dans ce chalet, de quoi nous réchauffer car, en plus du vent fort qui sévissait dehors en faisant moutonner la surface des étendues d’eau autour de nous, les températures avaient brutalement dégringolé. Alors que nous déambulions la veille en tee-shirt, plusieurs couches isothermiques étaient maintenant à peine suffisantes pour supporter la fraicheur qui venait de s’installer dehors. Squatter ainsi un chalet sans y avoir été préalablement invités par ses propriétaires procurait un sentiment particulier, un peu perturbant, mais c’était ici, en pleine nature une chose naturelle et acceptée car ces abris pouvaient dans certaines circonstances sauver la vie de voyageurs confrontés à des problèmes de multiples natures, notamment en cas de situation climatique extrême. Nous nous imposions toutefois bien évidemment de laisser l’endroit dans le même état de propreté que celui dans lequel nous l’avions trouvé. En attendant de nous installer au chaud pour la soirée, Jean réunissait toute l’équipe dans la petite salle pour un point de situation au milieu du voyage et nous entretenir avant d’appeler Luc comme convenu avec le téléphone satellite que nous avions loué pour l’expédition. Il avait été convenu avec Luc qu’il vienne nous récupérer le lundi 28 août mais nous n’étions que le dimanche 20 et il ne nous restait qu’une soixantaine de km à parcourir, essentiellement sur la Rupert. Autrement dit, sept jours pour 60 km, moins de 10 km par jour. Nous avions donc une avance très importante. Nous étions de fait tiraillés par l’envie de proposer à Luc de venir une journée plus tôt, mais compte tenu de son dévouement remarquable depuis le début pour notre projet, cette requête était délicate d’autant plus qu’il pouvait avoir d’autres engagements. Sous réserve que cela soit possible pour lui, nous souhaitions lui suggérer de nous retrouver plutôt le dimanche 27 août à l’endroit prévu, soit sur la piste du nord, à quelques 250 km de Chibougamau. Lorsque nous parvenions de capter la bonne couverture satellite, la communication put être établie. Luc accepta volontiers notre proposition et exprima son inquiétude à notre égard depuis quelques jours compte tenu de la météo exécrable qui avait sévi toute la semaine à Baie Saint-Paul sur les rives du St-Laurent. En raison du coût exorbitant de ces communications satellite, l’échange ne dura pas d’avantage mais les quelques infos glanées nous extirpaient de notre isolement et de notre petit groupe social sans autre incursion humaine depuis maintenant 10 jours. Forcément, à l’issue de ce petit échange, quelques pensées nous taraudaient : Que pouvait-il bien se passer dans le monde depuis notre départ ? Et puis surtout, me concernant en tout cas, la famille commençait à me manquer, je me souciais pour Noellie et Christelle. Le fait d’être là sans la moindre nouvelle était source d’inquiétudes. Je les imaginais certes profiter au mieux de la rivière Ardèche en cette fin d’été mais je pensais aussi à toutes sortes de problème pouvant survenir en mon absence sans la moindre capacité pour moi de contribuer à les résoudre. Avec l’aide du réchaud Coleman que nous avions embarqué, nous passions ensuite dans le chalet une très agréable soirée avec un dîner copieux au chaud composé de purée et de filets de brochet pêché le matin même par Denis. Rassasiés, nous pûmes alors rejoindre notre campement allégé de son abri central et nous réfugier dans nos tentes sous la noirceur d’une nuit aux deux tiers tempétueuse. |
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vidéo Liaison satellite avec Luc - cliquer pour visionner |
© Photos : Patrick Bunichon, Anne Cherpin, Mathieu Morverand - Tous droits réservés, All rights reserved, Todos los derechos reservados, Alle Rechte vorbehalten - contact |