Mais en même temps, j’étais maintenant très impatient de retrouver mes proches, non sans une certaine appréhension. J’espérais pourvoir les contacter par téléphone à Chibougamau lorsque que nous allions retrouver un peu de réseau cellulaire. Je ne sais pas si ce sentiment était partagé par d’autres au sein du groupe, chacun à son niveau, mais en tout cas, tout le monde s’extirpa de son sommeil bien plus rapidement qu’à la coutume pour finir de préparer le matériel et être prêts lorsque Luc allait arriver.
Plusieurs pêcheurs, parmi lesquels quelques autochtones, aveint rejoint le débarcadère depuis la veille par la piste pour mettre leur embarcation à l’eau et profiter sur la rivière de la belle journée qui s’annonçaient.
Soudain, dans l’ambiance tranquille de cette matinée sur les pentes de ce vallon, le bruit d’un véhicule qui arrivait par la piste se fit entendre par-delà la colline. C’était le Pathfinder de Luc qui nous rejoignait après avoir quitté Chibougamau trois heures plus tôt. Les retrouvailles furent chaleureuses, l’heure de la sortie du bois avait sonné. Nous chargions rapidement les 15 bidons, les trois canoës et l’ensemble du matériel sur la remorque. Une demi-heure plus tard seulement, nous embarquions à bord du véhicule de Luc, quittant la rivière et le bois sous un ciel radieux comme un dernier salut amical et peut-être une invitation à revenir.
Après trois heures d’un long cheminement sur cette interminable piste poussiéreuse, nous atteignions le village de Chibougamau, porte d’accès et de retour à la civilisation. Nous y déjeunions, échangeant avec d’autres gens, mobilisant à nouveau notre aptitude à établir des relations sociales. Nous pûmes aussi comme nous l’avions espéré établir une liaison téléphonique grâce au téléphone de Karin et enfin nous entretenir avec nos proches, avoir des nouvelles de nos familles respectives. Elles étaient bonnes, nous étions rassurés et attendus.
En revanche, le monde contemporain, lui, n’avait pas changé avec son lot d’actualités pour certaines dramatiques. Un flot brutal d’informations à trier dans nos esprits vidés de ces pensées pendant 15 jours.
Exceptée une petite crevaison d’une roue de la remorque, vite résolue, le voyage se déroula sans encombre, Luc comme infatigable driver sur ces routes québécoises qui ne semblaient plus avoir de secret pour lui. Un peu fatigués, mais heureux d’avoir vécu une telle expérience si riche et inédite, nous allions à présent pouvoir nous reposer quelques jours dans sa grande maison de Luc et Marie-France sur les hauteurs du Saint-Laurent à Baie-Saint-Paul, ranger et stocker tout le matériel pour cette fois refermer la page et voguer à présent vers d’autres aventures partagées.
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