le transfert vers les
territoires du nord-ouest
Au matin du 10 août, tout était prêt, le départ fut donné des rives du Saint-Laurent à Baie Saint-Paul pour 650 km à parcourir vers le nord-ouest du Québec et rejoindre le point de départ, sur la rivière de Maurès, en haut du vaste bassin versant de la rivière Rupert. Via les collines des Laurentides, la vallée du Saguenay, les rives sud du grand lac Saint-Jean, les grandes forêts d’Ashuapmushuan et enfin le petit village de Chibougamau, aux allures de far West. Admirablement piloté par Luc qui le connaissait parfaitement, le vieux Pathfinder, lourdement chargé et attelés d’une lourde remorque avec les canoës et le matériel, avalait sans broncher les kilomètres, traversant inlassablement ces vastes espaces qui nous éloignaient lentement mais sûrement de la civilisation.
Quelques encablures après Chibougamau, sur la route du grand lac de Mistassini, Luc vira à gauche et s’engageait sur une large piste gravel, le début d’une nouvelle aventure ! Après 79 km de gravillons sur cette piste conçue pour rejoindre les mines du nord vers la baie James, l’équipe partait à droite sur une petite piste plus étroite pour enfin atteindre après une quinzaine de km un plan incliné carrossable vers la rivière de Maurès. Là, au milieu de nulle part, un petit embarcadère avec deux embarcations amarrées sous un terreplein plat idéal pour planter en cette fin de journée un premier camp de fortune dans la perspective d’un départ le lendemain matin.
Sous un ciel gris, nous saluions alors Luc qui courageusement repartait aussitôt vers Chibougamau en quête d’un endroit pour dormir. Au sud-est, le ciel était obscur et menaçant, de premiers grondements sourds se firent entendre, nous eûmes juste le temps de manger un morceau frugal, de monter nos tentes et de nous y abriter avant que la noirceur se s’installe et qu’une pluie franche et intense ne s’abatte sur nous des heures durant, mettant déjà l’étanchéité de nos frêles abris de toile à l’épreuve.
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