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Expédition en canoë au nord du Québec en autonomie du 11 au 27 août 2023

JOUR 1 / 16 - vendredi 11 août 2023 : Rivière de Maurès

voir aussi le Topo par M;Masson : cliquer ici (pdf)

voir aussi les cartes satellite par P.Bunichon : cliquer ici (pdf)

du Lac de Maurès près de la piste du nord à l’ancien camp Cree RG – 24 km

Météo : Pluvieux le matin puis mitigé avec quelques éclaircies, fortes pluies en soirée – vent faible
Toute la nuit durant, les orages juste menaçants de la veille se sont finalement abattus sur notre campement de fortune, déversant de généreuses averses. Le crépitement parfois intense de la pluie rythma la nuit et accompagnait notre sommeil volatile d’une certaine inquiétude ; nos tentes étaient-elle bien capables de supporter de telles précipitations ? Ce genre de phénomène était-il ici la norme ? Au petit matin, bien avant l’aube, encore au sec emmitouflé dans un duvet chaud, la motivation me concernant, et sans doute un peu celle de mes comparses, ressemblait davantage à une furieuse envie de grasse matinée qu’à l’entrain requis pour prendre le départ de notre épopée vers l’inconnu. Et pourtant, l’envie d’aller voir plus loin, après tant de préparation, l’emporta malgré la grisaille tenace. Tout à tour, toute l’équipe émergea avec sur les visages, une expression un peu étrange mêlée d’enthousiasme et d’appréhension. Sous une pluie aux allures bientôt de crachin breton, le café au réchaud embarqué fut vite avalé, et le chargement des canoës mis à l’eau put démarrer, méthodologiquement sous les consignes calmes et posées de Jean mais aussi grâce à l’expérience de ceux qui avaient déjà vécu une précédente expédition au Canada : cinq bidons par canoë coincés entre les deux équipiers, deux devant, deux derrière et un central. En ce premier jour, le chargement était maximal, chaque canoë, hors équipier, pesait entre 150 et 250 kg, autrement, une sacrée inertie. Exceptés Karin et Patrick qui formaient l’équipage de leur couple, rien n’avait encore été décidé pour les deux autres canoës, Jean proposa alors que je navigue avec Anne tandis que lui naviguerait avec Denis, cette configuration pouvant évoluer au terme de cette première journée de navigation. L’objectif du jour n’était lui non plus, pas réellement déterminé, le topo laissant plusieurs possibilités en fonction de notre vitesse de progression et de notre aptitude à franchir les différents obstacles qui jalonneraient notre parcours.

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A 9 h, nous donnions nos premiers coups de pagaie vers le nord-est, ne sachant pas vraiment où se dirigeait la rivière. Mais le bras choisi fut le bon. Cette fois, nous étions bien partis, le demi-tour n’était définitivement plus une option à présent. Nous voguions alors dans une ambiance obscure sur une rivière peu profonde aux eaux sombres au travers d’un paysage monochrome aux contours découpés par des milliers d’épinettes, omniprésent conifère local. Ce décor peu stimulant avait malgré tout quelque chose d’envoûtant, ce petit goût de mystère qui suscite la curiosité et donne envie de poursuivre plus en avant. Après 20 minutes à peine, l’équipe parvint à l’amont du premier obstacle mentionné sur le topo. Naïvement, nous pensions qu’avec un peu de chance, nous pourrions cordeler (guider le bateau chargé depuis la rive), mais après avoir débarqué, nous dûmes constater que cet espoir était vain. Devant nous, une étroiture et deux mauvaises chutes à l’équerre dans lesquelles s’engouffrait la rivière. Avec examen du site, une seule solution s’ouvrait à nous, celle d’un portage de 250 mètres environ en rive droite au travers d’un bois brûlé par un incendie récent sans doute survenu quelques semaines seulement auparavant. Pour commencer, touts les bidons que nous venions à peine d’embarquer furent extraits des canoës et chargés sur les claies (chaise à porteur) pour être transporter jusqu’à l’aval du passage délicat A près le matériel, ce fut au tour des canoës d’être portés et parfois trainés sur cette draille étroite et sinueuse. Au passage dans les bois, nos vêtements se recouvraient à chaque passage d’une suie noire et humide qui nous donnait l’air de mineurs épuisés par cette épreuve particulièrement physique. Malgré tout, après 1 h 30 d’effort, l’exercice fut rondement mené et la flottille repartait en aval de l’obstacle.

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Plus en aval, un nouveau passage délicat apparut devant nous, ce fut finalement la mise en place d’une cordelle par la rive droite qui nous permit de passer sans avoir à défaire une nouvelle fois notre chargement. La configuration de la rivière se révéla tout à fait conforme aux indications fournies par le topo. Un autre lui succéda et avec les techniques éprouvées de l’équipe, la manœuvre fut rapide et efficace sans poser de difficulté particulière. En val, le parcours alterna ensuite parties étroites aux allures de rivière classique et larges ouvertures appelées « lacs » tel celui d’Odon traversé à vive allure sous un vent portant avec un petit clapot bienvenu. A la mi-journée, courte halte à bord profitant de la dérive pour se ravitailler avec quelques fruits secs préparés le matin dans un sac étanche individuel. Aussitôt après, les premiers rapides franchissables à la pagaie se présentaient devant nos étraves un premier classe 2 puis un classe 3 joueur et manœuvrier avec quelques écueils farceurs mais sans dommage pour les bateaux. Cette courte section d’eau vive vint rompre la monotonie de ces grandes étendues en soutenant par ailleurs notre progression. Peu à peu, le ciel bien sombre jusqu’à présent s’éclaira peu à peu jusqu’à laisser filtrer quelques furtifs rayons de soleil réconfortants.

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Au terme d’une journée bien remplie au cours de laquelle chacun put prendre ses marques et s’adapter au rythme du voyage, la flottille décidait d’établir le premier campement sur l’emplacement d’un premier camp de la nation indienne Cree repéré plus tôt sur la carte. Malgré le portage et les deux cordelles, nous avions parcouru quelques 24 km, une bonne distance pour cette première étape. Avec l’expérience des expéditions précédentes, Jean et ceux qui avaient déjà participé à une ou plusieurs expéditions précédentes sur les rivières du Québec – en fait tous sauf moi – montaient rapidement le campement étape par étape selon un procédé rigoureux et bien rôdé. Avec le bois directement trouvé sur place, un trépied fut dressé juste devant la bâche commune dressée au-dessus d’un des canoës posés à l’envers en guise de grande table. Autour, le mobilier de camping permettait de se réunir dans une ambiance conviviale pour les échanges et le repas tandis que devant, sous le trépied, le feu brûlait pour se réchauffer mais surtout pour faire chauffer l’eau et cuire le repas du soir sous des barres transversales et un système de gamelles ingénieusement ajustables. Ce fut ce jour là deux brochets que Jean et Denis venaient de pêcher juste sous le campement. Une première soirée très agréable sur les rives au-dessus de la rivière auréolée de magnifiques couleurs du soir. Les tentes installées sur de confortables d’herbe molle à caribou, souple et douillette à souhait, les esprits s’abandonnèrent rapidement à un sommeil réparateur sous une pluie déjà de retour.

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© Photos : Patrick Bunichon, Anne Cherpin, Mathieu Morverand - Tous droits réservés, All rights reserved, Todos los derechos reservados, Alle Rechte vorbehalten - contact