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Le message de Marc ce matin "ici mer très agitée" ne laisse aucun doute sur la situation qu'il est en train de vivre. On apprend que d'autres skippers ont déjà remplis leurs ballasts en prévention d'éventuels retournements. Evoluant tous à présent vers l'ouest ou l'ouest-sud/ouest, les rameurs doivent conserver leur route pour ne pas trop dériver au sud. Mais pour y parvenir, avec une houle et un vent de nord-est, ils doivent placer leur embarcation dans un axe quasiment perpendiculaire (ou aux trois quarts par l'arrière) aux vagues, ce qui les expose inévitablement aux déferlantes qui peuvent survenir à tout moment et retourner leur bateau. |
En cette période, sous ces latitudes, ce type d'événement météorologique est tout à fait normal et il aurait même été étonnant que la traversée se termine sans que les éléments ne s'invitent une nouvelle fois dans la course. Le souci de ce coup de vent réside en fait dans son irruption tardive qui le rend presque mal venu dans l’euphorie naissante de ces derniers jours. L'impatience des skippers de toucher terre à présent exacerbe leur intolérance à tout ce qui peut compromettre leur arrivée rapide. Ce matin, Marc était confronté à un choix délicat, celui de sortir et de tenter de ramer malgré tout en s'exposant au risque d'être éjecté de son bateau par une déferlante un peu plus forte que les autres ou celui de laisser passer ce coup de vent à l'abri à l'intérieur de l'habitacle en subissant alors les effets de la dérive par le sud. Mesurant le danger, et connaissant mieux à présent son bateau et ses réactions, il aura choisi la première solution, progressant à près de 3 nœuds par moment. S’il mesure le danger de manière objective, Marc appréhende bien mieux après 30 jours de mer les limites qu’il peut se fixer tout en préservant sa sécurité. Sans doute Marc aura t-il trouvé le courage et les ressources dans les caps symboliques qu’il vient de franchir. Non seulement, il a passé la longitude des 34°W depuis 3 jours déjà mais il vient aussi la nuit dernière de passer sous la barre des 1000 milles avant l’arrivée. Si cela ne le met pas pour autant en vue des côtes guyanaises, il fait un grand pas et s’en rapproche moralement. Il sait que chaque coup de rame qu’il donne dans ce courant désormais favorable le rapproche un peu plus de son objectif. Au large, rien n’est insignifiant, tout revêt une importance particulière. |
![]() ![]() ![]() ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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