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Si Saïd va pénétrer dans la zone de courant porteur dans les toutes prochaines heures, Marc y navigue maintenant depuis une trentaine d’heures. Son arrivée dans ce flux que les marins appellent l’« ascenseur » - tant les courants sud équatoriaux y sont rapides – a été aussi soudaine qu’heureuse. D’une vitesse de 1,5 à 2 nœuds mercredi soir, Marc naviguait dés jeudi matin entre 2,5 et 3 nœuds et surtout, il parvenait enfin à redresser son cap, à repasser au dessus du 4ème parallèle et à remonter vers le nord-ouest. A force de se dérober au-delà de son étrave, les évolutions de ce flux avaient fini par envahir Marc d’un certain défaitisme, il n’y croyait plus même si du côté de son PC Course, il devenait inéluctable qu’il finirait par trouver ce courant dans son cap à un moment ou à un autre ainsi que le prévoyaient les cartes Mercator. Vigilant jusqu'au franchissement de la ligne Marc a suivi avec attention au fil de ses échanges avec son PC course la superbe progression de son ami Alain. Si ces conditions enfin favorables lui procurent une certaine euphorie, il sait que la partie ne sera pas gagnée tant que la ligne de l’Enfant Perdu ne sera pas franchie. Enivré par les premières odeurs de la terre ferme, et de la forêt équatoriale humide, il pourrait être tenté par un cap à l’ouest directement vers la terre. Mais la route n’est pas aussi simple et l’approche des côtes guyanaises impose une vigilance permanente. D’abord, Marc doit remonter sur le sillage des skippers qui l’ont précédé, ce qu’il est en train de réaliser à l’heure de l’écriture de ces lignes. Il dépassera alors le Cap Orange, bordé de falaises et entouré de mangroves inextricables et sans accès par la route. Ensuite, il devra passer bien au nord des îles du Connetable et surtout de la zone de brisants qui marque les hauts fonds des Battures un peu plus au nord-est. Marc devrait atteindre cette zone demain matin, dans une eau de plus en plus colorée par les limons de l’Amazone et de l’Oyapoque, il ne lui restera plus qu’une vingtaine de milles à parcourir vers l’ouest pour couper la ligne. Un nouvel acteur viendra alors se joindre à la fête : la marée et ses courants traversiers. Du levé du jour à la mi-journée, le flux sera au flot et ramènera vers la côte tandis que le jusant repoussera vers le large du début de l’après-midi jusqu’en soirée. Marc devra en tenir compte toute la journée en adaptant son cap afin de ne pas être obligé de louvoyer à l’approche de l’objectif. Lors des précédentes éditions, des skippers avaient du mouiller leur ancre tout près de la ligne car les courants de marée les empêchait de passer la ligne. Dés à présent et jusqu’à l’arrivée, une veille permanente sera nécessaire pour vérifier et – le cap échéant – corriger le cap tant à bord du Grain de Sel que du côté du PC Course. une arrivée probable demain après-midi Cette évolution de la situation semble avoir clarifié les prévisions de navigation. Les pronostics ont pu s’affiner pour anticiper une heure probable d’arrivée de Marc. Si sa vitesse reste constante et bénéficie – comme tous les autres skippers – d’une accélération à l’approche de la ligne, le franchissement de la ligne peut être envisagé demain samedi 17 mars dans l’après-midi (en soirée en heure métropole), le jour des 44 printemps de Marc, un bel anniversaire ! Le marin ardéchois espère une arrivée diurne qui lui laisserait le plaisir de découvrir de visu le fameux rocher de l’Enfant Perdu et son phare caractéristique qu’il rêve de dépasser depuis le départ de Dakar. Cela fera alors 49 jours et une vingtaine d’heures que Marc, son Grain de Sel et les chevaux de Przewalski de Chauvet se seront élancés à travers l’océan Atlantique. Malgré quelques écueils encore à éviter, l’ardéchois Marc Chailan semble donc bien en passe de réussir son pari et son moral tient plus que jamais le bon cap. |
![]() ![]() ![]() ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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