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Avec un vent modéré dépassant rarement 15 nœuds et des grains passagers, Marc est en train de passer en bordure nord de la zone de convergence intertropicale. Cette région communément appelée "ZIC" en langage courant est la traduction concrète de la bataille que se livrent à grande échelle les anticyclones des Açores dans l’hémisphère nord et de St Hélène dans l’hémisphère sud. Les rotation de ces deux masses d’air étant contraires, leurs vents – les Alizés du nord est et les Alizés du sud est – convergent en une zone relativement étroite qui borde les côtes sud américaine depuis la corne du Brésil jusqu’à l’arc antillais en oscillant du nord au sud selon les saisons. De la mi-février à la mi-mars, les vents de nord-est issus de l’anticyclone des Açores repoussent cette zone humide vers l’équateur ce qui offre à la Guyane une courte période de temps globalement sec appelée le « petit été ». Pendant cette période peu arrosée, les vents dominants sont orientés au nord-est avec un angle plus ou moins près du nord ou de l’est. Si les onze premiers skippers de la Bouvet-Guyane ont bénéficié d’une étroite fenêtre de vents d’est-nord/est entre le 55 et le 70°, Alain, Marc, Saïd et Didier subissent eux des vents calés entre le 30° (hier) et le 55°, ce qui complexifie considérablement leur route depuis plusieurs jours. La journée d’hier, mardi 13 mars, fut même sans doute l’une des pires, Marc ramant avec le vent dans le dos, autrement dit au près, aux trois quarts contre le vent. Avec de telles conditions et un canot opposant un réel fardage au vent même faible, tenir un cap vrai à l’ouest oblige à observer un cap au compas au nord-ouest, ce qui ralentit considérablement l’allure du bateau. Par ailleurs, après des journées harassantes d’aviron de 4 h du matin jusqu’à la tombée de la nuit, Marc se livre chaque soir à une fastidieuse séance de réglages de son bateau afin d’optimiser au mieux sa dérive pendant sa courte nuit. Malgré tous ses efforts, les vents de nord-nord/est ont eu raison de son objectif de ne pas descendre au sud, il se retrouvait ce matin à son réveil 4 minutes sous le 4ème parallèle. Il est parfaitement conscient que cette position peut devenir préoccupante et qu’il devient désormais primordial de remonter vers l’ouest-nord/ouest. Benoît Souliès, l’un des skippers qui en a terminé samedi dernier, lui a prodigué quelques précieux conseils pour régler son bateau au mieux afin de pouvoir naviguer au plus près du vent, tout comme Jean-Luc Torre et Pierre Katz, deux skippers de l’édition 2009 qui connaissent également les difficultés qui caractérisent cette arrivée. un cap délicat à franchir La pointe du Cap Orange qui se profile devant lui reste un cap difficile à franchir lorsque les vents sont ainsi orientés. Jean-François Taddéï, qui ambitionne de se lancer dans l’aventure et qui connaît très bien l’approche de ces côtes confirme le caractère délicat de la navigation dans ces parages, en particulier à bord d’un canot à la rame, à la merci des moindres courants. Lors des précédentes éditions, certains skippers confrontés à des conditions similaires s’étaient retrouvés sous le cap, obligés de mouiller tout près d’une côte inaccessible envahie par la mangrove, avant de pouvoir repartir vers le nord le long des côtes à la faveur de la marée descendante au prix d’efforts considérables. Depuis quelques heures, Marc semble avoir enfin atteint les prémices de ce courant qu’il poursuit sans relâche depuis plusieurs jours. Pour autant, le flux, encore modeste là où il se trouve actuellement, porte davantage à l’ouest qu’au nord-ouest et ne l’aide pas réellement à remonter vers son objectif. Son ami Alain, qui le précède d’une centaine de milles à présent creuse en revanche l’écart et suit à près de 4 nœuds un cap parfait vers l’Enfant Perdu car il se trouve précisément dans la veine principale de ce courant. Il est donc très probable – à moins d’une nouvelle facétie des éléments – que Marc gagne à son tour ce flux dans la nuit ou au plus tard dans la journée de demain. Après quoi, il devrait être plus facile pour lui de tenir le bon cap et de viser enfin la ligne d’arrivée de cette traversée où il espère retrouver tout ses amis skippers. Dans ce contexte, il reste difficile aujourd’hui encore d’estimer avec précision sa date d’arrivée. Nul ici en Guyane ne se livre désormais à de tels pronostics tant la progression des skippers est désormais soumise à de nombreuses incertitudes. |
![]() ![]() ![]() ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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