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Dans la tourmente à laquelle sont confrontés les marins, cette patience qui s'éternise devient chaque jour un peu plus corruptible, il est humain de se dire que tout cela pourrait prendre un terme quasiment immédiat par le déclenchement des secours. Les nouvelles des arrivées successives de ceux qui précèdent Marc s'accommodent mal du nombre de milles qu'il reste encore à parcourir, une situation qui pèse de plus en plus lourd sur la foi et l'optimisme du marin encore en mer. |
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Comme les autres, Marc voudrait à présent que le temps soit plus court mais en même temps, il ne subit pas son quotidien, au contraire, il le vit pleinement et se plait à savourer chaque instant de ce voyage complètement initiatique comme une tranche de vie hors du commun et hors du temps. A l'image de ses amis spéléologues ardéchois évoluant parfois plusieurs jours sous terre, il est lui aussi sur l'océan affecté par l’absence de rythmes « normaux ». Du jour et de la nuit, ses repères se sont progressivement décalés vers le rythme des vents et des courants. S'il ne ramait pas la nuit pendant le premiers tiers de sa traversée, ses activités à bord sont désormais dictées par l'orientation du vent qui lui indique le meilleur moment pour sortir manier les avirons vers l'ouest sous le soleil ou sous les étoiles. Les méduses d'avant-hier ou les zones de convergence très agitées d'hier et d’aujourd’hui n'auront pas réussi à altérer sa patience et sa détermination. Lentement mais sûrement, il gagne vers l'ouest et a cessé pour l’instant sa dérive vers le sud, évoluant maintenant depuis plus de 10 jours entre le 4ème et le 5ème parallèle dans le sillage de son ami Alain, confronté aux mêmes difficultés 50 milles devant lui. Une arrivée difficile à déterminer Au PC course du club de canoë-kayak de Vallon Pont d’Arc cet après-midi, chacun y va de son pronostic, souvent avec une analyse solidement étayée par 40 jours de suivi assidu et passionné. De nouvelles vocations de marins ont émergé en Ardèche grâce à l’aventure de Marc. On se plairait à croire en une arrivée le samedi 17 mars, dans une semaine, le jour de l’anniversaire de Marc, de ses 44 printemps. Si hier, on pouvait y croire, le vent revenu au nord-est aujourd’hui, compromet une nouvelle fois cet espoir, à moins que l’accélération générée par le courant à l’approche de l’Enfant Perdu ne lui offre une sensible amélioration de sa progression. Les skippers qui l’ont précédé marchaient d’abord à 3 nœuds pour finir près de la ligne à plus de 5 nœuds. Qu’en sera-t-il pour Marc ? Il a hâte de le savoir. Si Alain devrait atteindre ce flux généreux dans la journée de dimanche, ce ne sera pas avant lundi pour Marc. Le courant semble s’amorcer au 47°W, il lui reste donc près de 90 milles à parcourir avant de l’atteindre. Gageons que d’ici là, les vents s’affaissent un peu sur l’est comme la météo l’annonce et lui permettent de remonter un peu dans le nord pour aborder cette zone sous le meilleur angle. En analysant la progression de son ami Benoît, on constate que celui-ci est en passe de franchir la ligne (dans l’après-midi) alors qu’il pénétrait dans le courant mardi 6 mars il y a quatre jours. En considérant que Marc puisse aller à la même vitesse dans ce courant qu’il pourrait atteindre le 12, on pourrait donc imaginer une arrivée le 16. Mais une fois encore, tout cela n’est que supposition et ne prend pas en compte les surprises de la météo. Tant que son évolution quotidienne sera ainsi conditionnée par le sens du vent, la date de son arrivée restera incertaine. Il y a quelques jours, à la lecture des prévisions (voir UGRIB en bas de page), on pouvait donc espérer son arrivée le 16, jour de la cérémonie officielle des skippers à Cayenne, mais c’était sans compter avec ces perpétuelles différences entre l’angle réel du vent et celui annoncé par les prévisions, toujours en défaveur du skipper. Les journées de demain et de lundi seront déterminantes. Le danger des cargos à l’approche des skippers Marc a été informé par son PC Course que plusieurs des skippers avaient croisé de très près des cargos ces jours derniers, au point que ces navires avaient du dévier de leur route. En ce sens, le système AIS de prévention des abordages a été très utile pour ces skippers qui ont été informés suffisamment tôt pour avoir le temps de réagir en conséquence. Jusqu’à présent, Marc n’avait pas branché son système AIS en raison de ses problèmes d’énergie à bord. Compte tenu du danger, il envisage évidemment de rebrancher le système mais il craint alors que ses batteries ne le supportent pas, ce qui pourrait mettre en péril le fonctionnement de son dessalinisateur et la recharge de son téléphone satellite. Même si proche de l’arrivée, le dilemme persiste entre le danger des navires sur zone et le risque d’une panne générale de son système électrique, utilisé jusqu’à présent avec la plus grande parcimonie. Espérons que ces vents obstinément mal orientés ne le conduisent pas sur la trajectoire d'un de ces monstres d'acier. |
![]() ![]() ![]() ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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