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Sur le plan physique, les derniers jours auront été éprouvants et il devra ménager ses efforts pour ne pas s’épuiser complètement et garder la force nécessaire pour accomplir la seconde partie de son périple océanique. Sur le plan moral, Marc se trouve en plein dans cette période délicate, plus de 25 jours après le départ, où la famille, les proches et les amis font de plus en plus défaut dans ce quotidien oppressant du Large, surtout lorsque l’impression de ne pas avancer dans une mer sans cesse croisée accentue les douleurs articulaires et musculaires lancinantes. |
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Enfin, sur le plan matériel, il tente de ménager ses instruments, d’économiser au maximum ses batteries pour préserver le dessalinisateur, mais déjà, à mi-course, certains équipements sont hors d’usage tel son coussin anti-escarres sur son siège à coulisses. Marc reste parfaitement lucide et conscient de tout cela. Il aimerait sans doute aller plus vite et rattraper le groupe qui le précède, lui le compétiteur dans l’âme, mais il connaît trop bien le prix dont il devrait s’acquitter pour y parvenir. Il n’oublie pas que son objectif essentiel reste avant tout de concrétiser son projet en menant à son terme contre vents, courants et incrédulité cette formidable traversée de l’Atlantique à la rame. Depuis 3 jours à présent, il dévale vers le sud afin de contourner une zone de courants contraires et atteindre les prémices du courant équatorial qui le conduira directement jusqu’aux côtes guyanaises. Mais pour cela, il doit encore descendre pendant au moins 36 heures afin de passer sous le 5° parallèle, là où les effets commenceront réellement à se faire sentir. Ancré dans ce flux océanique, il se plaira alors à naviguer bord à bord avec ses amis Alain Pinguet, Saïd Ben Amar et Guillaume Bodin, qu’il côtoie depuis une dizaine de jours à quelques dizaines de milles d’intervalles. Pour l’heure, son quotidien est désormais rythmé par une organisation de mieux en mieux réglée ; entre 12 et 14 heures de rame par jour, un large temps consacré à reporter sa route sur ses cartes marines et à régler son bateau, ce qu’il maîtrise parfaitement maintenant ainsi qu’en attestent les distances qu’il parcourt la nuit à la dérive. Il s’occupe également chaque jour de l’entretien de son matériel, n’hésitant pas avant-hier – non sans une certaine appréhension légitime – à se jeter à l’eau – par 5500 m de fond au milieu d’une faune abondante – pour aller nettoyer sa coque des nombreux organismes qui s’y étaient collés altérant sensiblement la glisse de son embarcation. Avec la réserve qu’imposent les coûts de communication, il gère aussi chaque jour avec parcimonie ses communications satellite afin de glaner des nouvelles de ses proches ainsi que les informations dont il a besoin et qui lui restent inaccessibles à bord. Enfin, il s’accorde chaque fois que cela est possible un peu de répit pour contempler cet univers si particulier et savourer cette sensation indescriptible de se retrouver ainsi, seul à bord d’un esquif minuscule, au milieu d’un océan aussi vaste, mu pas sa seule force physique. |
![]() ![]() ![]() ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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