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C’était sans compter avec les mouvements de courants qui après près de 25 jours de traversée semblent s’être positionnés en faveur de l’option sud. En effet, en assemblant toutes les planches des cartes quotidiennes des courants fournies par Mercator Océan (partenaire de la Bouvet Guyane), on obtient une vision assez claire de la situation entre la zone d’évolution actuelle de la flottille et la ligne d’arrivée de l’Enfant Perdu devant Cayenne (agrandir le document assemblé en bas de page). Si le groupe du nord a réussi à contourner la première zone problématique par le nord, les skippers aux avants postes ont maintenant viré au sud-ouest pour rejoindre à leur tour la route du sud en passant à l’ouest de la première zone problématique. Ils auraient pu continuer sur leur cap, et bénéficier de vents plus soutenus au nord qu’au sud, mais la configuration des courants sur cette route n’est pas favorable et n’offre plus aucune option après le 38ème méridien pour redescendre. Pire, cela conduit directement sur une veine de contre-courants très forts parallèle au courant sud-équatorial. Les skippers qui s’aventureraient dans cette voie risqueraient d’abord de se trouver bloqués par ce phénomène avant de partir ensuite beaucoup trop à l’ouest pour pouvoir passer la ligne devant Cayenne. Les skippers du nord n’ont donc pas d’autres choix que de rejoindre la route de ceux du sud. L’examen de la route du sud révèle en revanche une veine quasiment linéaire de courants favorables parfois soutenus. Celle-ci se développe sous le 5ème parallèle et porte directement à la base du courant équatorial où sa vitesse atteint 1m par seconde, ce qui est très conséquent. Bref, si les indications de ses instruments de bords (compas et GPS) ne lui donnent pas toutes ces informations, Marc Chailan a bien compris la situation qui lui a été décrite. Sa route étant médiane entre celle du groupe du nord et celle du groupe du sud, il aurait pu passer au nord de la zone de contre-courants qui se développe devant lui mais les éléments en ont décidé autrement. Paradoxalement aux vitesses de déplacement, il fallait prendre une décision rapidement, ce sera donc le choix de la sagesse, celui de la route sud. Depuis 24 h, il part ainsi au sud-ouest au cap 230° avec l’espoir d’atteindre ce fameux courant équatorial sous le 5ème parallèle vers la fin de semaine, samedi ou dimanche, peut être avant si les courants verticaux qu’il fréquente actuellement l’aident un peu. Sans être un long fleuve tranquille, la navigation devrait être bien plus sereine ensuite. Cette analyse ne nous dit évidemment pas si la situation va perdurer ainsi, c’est un pari sur le proche avenir. Pour autant, en examinant la situation depuis plusieurs semaines, on constate que celle-ci n’a pas beaucoup évolué excepté pour la route nord qui a vu peu à peu se refermer toutes les options qui s’offraient aux skippers engagés dans cette voie. Le recours à toutes ces informations n’engendre pas forcément les meilleures décisions, mais en l’espèce, cela y contribue très certainement et permet malgré tout aux skippers d’agir de la manière la plus juste avec les très modestes attributs dont ils disposent, en somme, leur seule force physique. |
![]() ![]() ![]() ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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