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Nous n'en sommes qu'au quart du voyage, et déjà, la
traversée a révélé la peur, l'angoisse, la douleur
mais aussi la joie et l'émotion à vif, autant
d'états jusqu'alors inavoués et inconnus même des plus intimes. Cette adaptation à ce milieu si
particulier et les qualités morales que cela
requiert constituent une formidable opportunité pour
se confronter à soi-même sans tricherie et en dehors
de toute préoccupation contemporaine. |
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© Position de Marc Chailan le 13 février après 16 jours - extrait du site de l’organisateur www.ramesguyane.com |
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Si loin des côtes, si loin du monde, les sens
sont en éveil permanent, la conscience de soi
apparait claire comme un grand vent. C'est en
ramant toute la journée sur cet océan impassible
que l'esprit bouillonne de pensées et de
réflexions sur le monde et sur notre existence
en son sein. Peu d'expériences modernes ont
cette faculté de nous placer ainsi dans un état
de profonde réflexion sur nous-mêmes. Cela
nécessite en effet un milieu fort et incertain,
un isolement total et du temps pour réfléchir,
tout ce qui caractérise finalement cette aventure autant
sportive qu'intérieure, bien au-delà de la
course et du classement. Après 16 jours de mer, Marc vit pleinement cette immersion, il a passé le cap et trouvé le rythme. La fatigue l’accable parfois, accompagnée de cet indicible sentiment d’immobilisme, mais il reste lucide, conscient de la route encore à venir, mais aussi du chemin parcouru. Il relativise ses tracas quotidiens, son manque d’énergie à bord, son genou qui le tiraille et ces vagues qui ne cessent de le harceler par tribord. Il se soucie de sa position, cherche à optimiser sa glisse et sa navigation, il vit le dur métier d’apprenti marin, avec pour seuls maîtres à bord son intuition, sa curiosité et son insatiable envie de réussir. Les conditions cette année ne sont pas faciles, les Alizés – leur vent chaud et leur ciel bleu- se font désirer, mais qu’importe, l’aventure n’en est que plus belle. Un peu plus d’un quart de la distance est d’ores et déjà parcourue, ce qui laisse augurer une arrivée en Guyane aux alentours du 20 mars, il aura alors passé une cinquantaine de jours seul en mer. D’ici là, la traversée est encore longue, Marc et ses 16 amis rameurs auront maintes fois l’occasion au travers de leur expérience initiatique d'éclairer les angles morts de leur conscience intérieure. ![]() Alizés = vents dominant sur l’Atlantique entre l’Afrique occidentale et l’arc antillais |
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© Marc Chailan en plein océan Atlantique à bord du "Grain de Sel" – Image : 54 West |
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