petite balade en Laponie à Enontekiö, au nord-ouest de la Finlande
© photos : Mathieu Morverand - Christelle Da Costa - janvier 2009

les aurores boréales

nous savions que nous pouvions en voir à cette période de l'année, mais nous savions aussi que le phénomène restait incertain, qu'il nécessitait un ciel parfaitement clair et une forte poussée de fièvre électro-magnétique ...
nous avons donc gravi la petite colline de Jyppyrä (408 mètres d'altitude) et longuement patienté au sommet.
Ce 5 janvier, vers 22 h 30 (heure locale) après une demi-heure d'attente sous une Lune quasiment pleine, et alors que le froid nous avait déjà entraîné dans la pente sur le chemin du retour, une lueur nous surpris par le nord-est, c'était une aurore boréale : un spectacle magnifique et envoûtant que nous avons dévoré sans lassitude jusqu'à la dernière seconde, malgré les -23 °C de cette nuit étoilée. en voici quelques images.

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photos réalisées avec un temps de pose de 15 à 20 secondes sur un support parfaitement fixe sans flash

Quelques explications

Pour les adeptes du culte chamane, ce phénomène fut très certainement l'objet de nombreuses interprétations, l'oeuvre des esprits sames. Les légendes lapones y voient un "feu de renard", d'autres pensent que ce feu est à l'origine d'un gigantesque incendie qui aurait brûlé le sommet des montagnes pelées d'Olos Tunturi. Ces draperies aux formes fascinantes sont en fait d'origine électromagnétique. Le physicien Esa Turunen (voir article du Monde - pdf), passionné par le phénomène, explique que l'énergie déployée par les aurores boréales correspondrait à celle de 1 000 centrales nucléaires, ce qui tout simplement phénoménal.

Les aurores sont engendrées par la collision de particules chargées émises par le soleil avec la magnétosphère, ce bouclier invisible qui entoure notre planète. Captées par le champ magnétique terrestre, ces particules heurtent les atomes de la haute atmosphère, ce qui produit l'émission de lumières visibles par l'oeil humain. La période de septembre à avril est la plus favorable à l'observation, mais Un ciel dégagé est indispensable, puisque les aurores se déploient entre 100 et 1 000 km d'altitude. 2001 fut une année propice, comme le sera probablement 2012 avec des éruptions à la surface de notre astre générant les puissants vents solaires nécessaires au déclenchement du phénomène. Nul doute que nous serons alors quelque part bien au delà du cercle polaire.

Mais d'ici là, voyons ce qui s'est passé cette première semaine de janvier 2009. Après avoir assisté à une aurore boréale, nous étions évidemment dévorés par l'envie d'en voir une autre, mais en vain, malgré une veille attentive au sommet de la colline de Jyppyrä, les aurores ne sont pas revenues, au grand désarroi de tous nos amis qui avaient vu nos photos et qui, à leur tour, étaient prêts à passer des nuits polaires dehors pour surprendre l'aurore.


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A défaut de nous enivrer une nouvelle fois dans la contemplation, nous avons donc cherché sur la toile un moyen éventuel de prédire le phénomène. Mais là aussi, nous sommes restés bredouilles, car, quoiqu'en disent certains scientifiques, nous sommes loin de connaître suffisamment le phénomène pour être en mesure de le prédire avec certitude. En revanche, nous avons trouvé le site de "NOAA Space Weather Prediction Center" : un site très bien fait qui offre presque en temps réel une carte des pôles montrant le niveau d'activité électro- magnétique sur une échelle de 1 à 10, avec la puissance en gigawatts et la localisation géographique.
voir le site : http://www.swpc.noaa.gov/pmap/Plots.html

en médaillon ci-dessus, voici la carte du 5 janvier à l'heure où nous avons pu voir l'aurore (UT + 2) du sommet de Jyppyrä (cliquer sur la vignette pour agrandir). Le niveau était de 7 / 10, la puissance de 33,3 Gigawatts et la localisation clairement située sur le nord de la Scandinavie (Cap nord et Laponie, nord de la Russie et Mer de Barents).
A droite, la carte du 7, le sur lendemain, le niveau n'était plus que de 2 / 10, la puissance de 3,7 GW et la localisation bien plus centrée au nord-est. Nous ne pouvions donc pas à priori en revoir et la suite de la semaine a été sensiblement identique. Pas de regret donc ...


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Sauf que la semaine suivante, le 14 janvier précisément (voir médaillon ci-contre), ce fut cette fois à nouveau le feu d'artifice : un niveau de 8 / 10, 39,8 GW de puissance et tout le nord de la Finlande recouvert. Espérons simplement que les présents sur les lieux ce jour là avaient au dessus de leurs têtes un ciel dégagé ...
Bref, le spectacle de l'aurore boréale reste réellement un coup de chance et se mérite au prix d'une patience ... polaire. Sur le sommet de Jyppyrä, la kota aménagée par la municipalité d'Enontekiö est à ce titre un endroit parfait et convivial, pourvu que l'on y amène des allumettes et du bois sec ...

nota : voici ce que donner une "fièvre électromagnétique" : ci-contre, la carte du pôle sud le 8 janvier 2009. Le niveau a atteint son maximum : 10 / 10 et la puissance incroyable de 113,3 GW ! Dommage qu'en janvier au pôle sud, il ne fasse jamais nuit ...


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